Un rappel. Si les hautes productrices d’un troupeau ont des soucis de fécondité, la cause n’est pas qu’elles sont moins fertiles, mais qu’elles sont mal alimentées.
Taux de réussite des inséminations sur vaches laitières
Mon taux de réussite en 1ère IA est-il bon ? C’est une bonne question. Cet indicateur a toute sa place sur le tableau de bord du troupeau. Véritable sentinelle, en effet :
- quand le taux de réussite en 1ère IA n’est pas au rendez-vous, l’impact économique est réel : perte de temps et de paillettes ; allongement de l’intervalle vêlage - vêlage.
- quand le taux de réussite en 1ère IA n’est pas au rendez-vous, ce n’est pas un hasard. Problème technique ? Ou difficulté de l’équipe, à l’exemple de chaleurs mal détectées ?
Quel score faut-il viser ? Les meilleurs dépassent 65 % de réussite en première insémination, quel que soit le niveau de production (1). Mais 40 % n’est déjà pas si mal. En effet, ces 40 % constituent la « médiane », autrement dit : la moitié des élevages font mieux ; l’autre moitié moins bien.
Perte de poids, un gros facteur de risque
Pour comprendre l’origine des difficultés, plusieurs hypothèses sont possibles :
- problèmes de métrites ou de kystes ovariens ? Votre vétérinaire vous aidera à faire le point.
- problème humain : manque de disponibilité ou de méthode ? A vous d’en juger.
- problème d’état corporel ? La première cause d’une mauvaise réussite à l’IA est souvent là, quand la vache arrive « trop grasse ou trop maigre » au tarissement et/ou quand elle perd « trop de poids et trop vite » après vêlage.
Amaigrissement excessif ou non ? Pour en avoir le cœur net, il faut recueillir des données objectives :
- en notant l’état corporel, en début de tarissement, au vêlage et toutes les trois semaines. On est dans le rouge, si la note perd 1,5 point.
- ou bien, à l’aide d’un pèse-vache en sortie de salle de traite ou dans le robot. On est dans le rouge, si la perte de poids dépasse 60 kg au grand maximum.
D’autres moyens d’évaluation existent, pour juger si la fonte des réserves corporelles est en cause ou non :
- dosage du beta-hydroxybutyrate sanguin ;
- dosage de l’acétone dans le lait ;
- écart TB - TP supérieur à 15 points, sur le premier ou le deuxième contrôle, à l’exemple d’un 48 de TB et 30 de TP.
- changement qualitatif des acides gras (modification de la longueur des chaînes)
Si le problème d’amaigrissement est confirmé, voici les priorités :
- Une ration distribuée aux vaches taries calée sur les abaques de recommandation. L’apport énergétique sous forme d’amidon est-il assuré comme il faut ? La Baca négative ? L’encombrement suffisant ?
- Un rumen préparé à digérer la future ration. Tout changement brutal coûte cher, en effet. La transition, on le sait, doit débuter au moins 15 jours avant vêlage.
- Une couverture énergétique, en début de lactation, adaptée au niveau de production, avec des garde-fous.
Tout le savoir-faire d’un bon nutritionniste est là : bien évaluer la ration de base en poids et qualité ; puis augmenter l’énergie sans détériorer tout le reste (encombrement, acidose…) et sans léser les meilleures laitières... « Quadrature du cercle » diront certains. En réalité, si les hautes productrices d’un troupeau ont des soucis de fécondité, l’explication n’est pas qu’elles sont moins fertiles, mais qu’elles sont mal alimentées.
Détection des chaleurs, comment faîtes vous ?
Si le taux de réussite en IAP reste décevant, malgré des rations bien calées et des vaches en bonne santé… C’est vers le facteurs humain qu’il faut investiguer. L’œil de l’éleveur ? Sa disponibilité ?
Pour mettre toutes les chances de son coté, « observer son troupeau 3 x 20 minutes par jour » n’est pas un conseil désuet. En pratique, cela veut dire repasser dans l’étable une ou deux heures après avoir distribué la ration ; une ou deux heures avant la traite de l’après midi et en fin de soirée.
Si l’on ajoute l’outil « podomètre », toutes les bonnes conditions sont réunies. Que l’éleveur soit absent ou peu disponible, les podomètres veillent aussi.
Dans la mesure du possible, je suggère de ne pas supprimer toutes les observations visuelles, même une fois équipé de détecteurs de chaleur (podomètre ou collier).
A retenir :
- Si 45 jours sont passés sans chaleur observée, il faut s’en alerter (vu en octobre 2011)
- Une première IA entre 60 et 90 jours est un bon objectif (vu en décembre 2011)
- Plus de 65 % de réussite en 1ère IA, chez les très bons. En dessous de 40 % attention, il y a probablement des erreurs qui plombent la fertilité et donc la rentabilité (à retenir ce mois-ci).
Pour en savoir plus
Précision (1). Le taux de réussite des génisses nullipares n’est pas pris en compte ici.
Rendez-vous. Dans PLM d’avril, pour retrouver « Les sentinelles du troupeau ».
Carte de visite. Le Dr vétérinaire Bertrand Debotz est consultant indépendant en suivi de troupeau et coach lait au sein du cabinet conseil e-vconsult bertrand.debotz@evconsult.net